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8 février 2022 à 15h41 par 1 676 0

« 40, rue de la Charité » : un livre photo pour « montrer les personnes avant leur handicap »

« 40, rue de la Charité » : un livre photo pour « montrer les personnes avant leur handicap » | M+ Mulhouse
« 40, rue de la Charité » : un livre photo pour « montrer les personnes avant leur handicap » | M+ Mulhouse

« 40, rue de la Charité » : un livre photo pour « montrer les personnes avant leur handicap »

8 février 2022 à 15h41 par 1 6760

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Temps de lecture : 4 minutes

40, rue de la Charité : c’est l’adresse de l’Etablissement et service d’aide par le travail (Esat) de l’Adapei Papillons blancs d’Alsace, qui a déménagé à Pfastatt en 2018, après près de 40 ans d’activité au cœur du quartier Franklin. C’est aussi le titre du livre des photographes mulhousiens Eddie Prot, Philip Anstett et Chris Kolb, qui ont arpenté le lieu et rencontré ses travailleurs, et qui est disponible en librairie depuis quelques jours…

Comme toutes les belles histoires, celle de ce livre commence presque par hasard : « J’anime des ateliers photo au Centre socioculturel Papin et à l’époque, certains travailleurs de l’Esat y assistaient, se souvient Eddie Prot. Je passais souvent devant, sans vraiment savoir ce qu’il se passait à l’intérieur, jusqu’à ce que j’aille à leurs portes ouvertes et qu’on fasse des ateliers là-bas. » Et quand il apprend que les locaux ne répondent plus aux normes et qu’il est question de déménager l’Esat à Pfastatt, Eddie Prot se dit qu’il serait intéressant de documenter la dernière année passée sur place, à travers son regard de photographe.

Croiser les regards

Ce discret spécialiste du noir et blanc s’est entouré de deux autres photographes, tout aussi talentueux et aussi attachés que lui à la photographie en noir et blanc, Philip Anstett et Chris Kolb, sous la bannière d’un collectif créé pour l’occasion, « L’œil qu’on plisse ». « J’avais rencontré Philip au Séchoir à l’occasion d’une expo qui suivait la sortie de son livre « Before Instagram » (éd. Mediapop) et j’ai toujours adoré les portraits de Chris, que Philip connaissait aussi, confie Eddie Prot. Je leur ai parlé du projet, qui devait d’abord être une expo, je trouvais que c’était intéressant de croiser les regards ! »

Des femmes et des hommes

« Le projet me branchait bien et je venais de m’acheter une chambre photographique pour faire du portrait et du paysage, ça tombait bien, complète Philip Anstett, qui a longtemps été photographe pour les DNA. Je connaissais l’endroit pour y être passé plusieurs fois dans le cadre de mon boulot, mais là j’y ai passé du temps. En faisant ces portraits, je me suis intéressé aux gens plutôt qu’aux ateliers et ce qui était un motif pour y aller est devenu un plaisir ! » Et que ce soit dans les portraits posés, façon Richard Avedon, de Philip Anstett, ou à travers les instants de vie capturés sur le vif par Eddie Prot et Chris Kolb, on se rend compte au fil des pages que ce sont les femmes et les hommes qui y ont travaillé qui ont donné une âme à ce lieu.

Dépasser le handicap

Une âme qui transparaît dans ces instants de vie, et qui prend encore plus de sens lorsque les clichés en noir et blanc sont agrémentés de textes écrits par les travailleurs, dans le cadre d’un atelier d’écriture animé par Emilie Erhard, éducatrice au sein de la structure. « On avait matière à faire beaucoup plus qu’une expo, d’où l’idée du livre, expliquent Philip Anstett et Eddie Prot. Et puis, c’est une matière qui dure plus longtemps qu’une expo ! » Le livre, mis en page par les photographes, est édité par les Papillons blancs, distribué par les éditions Médiapop et disponible en librairie depuis début février, au prix de 30€ (plus d’infos ici). Les photographes ont travaillé bénévolement et les bénéfices seront intégralement reversés à l’Adapei Papillons blancs d’Alsace, pour financer des activités culturelles. « On voulait que ça sorte du milieu du handicap, que tout le monde voit ce qui se passe dans un Esat, concluent les photographes. Si nos photos montrent les personnes avant leur handicap, c’est qu’on a réussi notre coup ! »

Une conférence-rencontre animée par Jean-Marie Valder et suivie d’une séance de dédicace, avec l’association Les Papillons Blancs et les photographes du collectif « L’œil qu’on plisse », est organisée ce mercredi 9 février, à 20h, à la librairie 47 Degrés Nord.
+ d’infos et inscriptions sur 47degresnord.fr/4-l-agenda.html

3 questions à…

Yann Reverchon, directeur de l’accompagnement socio-professionnel des Esat à l’Adapei Papillons blancs

Qu’appelle-t-on le « 40, rue de la Charité ? »

C’est l’ancien lieu de notre Esat de la région mulhousienne, qui employait une centaine de personnes et dans lequel nous sommes restés près de 40 ans, jusqu’à notre déménagement à Pfastatt en août 2018. Nous employons des personnes en situation de handicap mental, dans des activités de sous-traitance industrielle pour Stellantis, d’entretien de locaux, ainsi que de blanchisserie.

Comment s’est déroulé ce projet ?

Il y a eu l’idée des ateliers photo et d’écriture, puis celle de faire des photos du lieu pour garder une trace de ce qui a pu se vivre ici. Le projet a aussi permis à tout le monde d’apprendre et de s’ouvrir à quelque-chose de nouveau, et tout le monde a joué le jeu et noué des liens avec les photographes ! C’est un devoir de mémoire, qui se traduit par un bel ouvrage, qui rassemble les clichés des photographes, mais aussi ceux des travailleurs, ainsi que des textes.

Le livre ouvre aussi une fenêtre sur le milieu du handicap…

Oui, on sort un livre en milieu ordinaire, comme un livre tout à fait classique. Le fait d’être distribué en librairie montre qu’il y a un travail artistique de personnes qui méritent d’être reconnues. Les Esat sont peu connus du grand public, c’est aussi une manière différente de voir le prisme du handicap, la déficience intellectuelle n’est pas forcément visible. Et cela donne un regard assez fidèle des personnes que l’on rencontre, c’est une porte ouverte !

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