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6 décembre 2017 à 16h08 par 3 477 0

« La vie sans avoir le vertige, je ne trouve pas ça terrible ! »

« La vie sans avoir le vertige, je ne trouve pas ça terrible ! » | M+ Mulhouse
« La vie sans avoir le vertige, je ne trouve pas ça terrible ! » | M+ Mulhouse

« La vie sans avoir le vertige, je ne trouve pas ça terrible ! »

6 décembre 2017 à 16h08 par 3 4770

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Temps de lecture : 4 minutes

Rencontre hors norme avec Jean-Marc Gaucher, président-directeur général de la célèbre maison Repetto, à l’occasion de sa venue dans sa boutique mulhousienne de la rue des Boulangers.  

On imagine qu’il vous a fallu une bonne dose de courage pour reprendre Repetto, une grande maison française associée au monde de la danse, mais au bord de la faillite en 1999 ?

J’aime les challenges. La vie sans avoir le vertige, je ne trouve pas ça terrible ! Quand j’étais jeune, je faisais de la course à pied, je voulais faire les Jeux olympiques. Courir pour courir ne m’intéressait pas, par contre faire les JO oui. J’ai tout fait pour y arriver, je me suis entraîné dur pour ça. Lorsque j’ai compris que je ne les ferai pas, je suis passé à autre chose. C’est ce qui anime ma vie : quand je ne m’amuse plus, j’arrête ! Pour revenir à Repetto, il n’y a rien de courageux dans ce que j’ai entrepris. Je n’ai pas racheté l’entreprise très cher, tous les ans elle perdait 10 millions de francs et était promise à disparaître. Il y avait donc obligation de la faire évoluer. Je parlerai donc plus de détermination que de courage. Quand j’entreprends quelque chose, je sais clairement ce que je veux faire.

Aujourd’hui, Repetto, ce sont 120 boutiques à travers le monde et 1 500 salariés

Thomas IttyJean-Marc Gaucher, PDG de l’entreprise Repetto, avec le fameux modèle porté par Serge Gainsbourg.

Et quelles étaient vos lignes directrices ?

Quand j’ai repris Repetto, l’idée était d’en faire une marque mondiale dans l’univers du luxe et de la danse, alors qu’elle ne vendait que sur le marché français, mais aussi de développer des produits exclusifs. A quoi ça sert de vivre pour copier les autres ! Tout en restant sur des produits très techniques de l’univers de la danse qui font la réputation de Repetto, on a progressivement diversifié nos activités sur des produits autour de la silhouette de la danse, des chaussons de danse en passant par le prêt-à-porter, la maroquinerie… Une entreprise a pour obligation de croître, si elle ne se développe pas, elle tourne en rond. L’embauche de nouvelles personnes apporte, à chaque fois, du sang neuf à la société et c’est une très bonne chose. Je suis resté fidèle à ma ligne de conduite de départ. Aujourd’hui, Repetto, ce sont 120 boutiques à travers le monde et 1 500 salariés.

Vous avez fait le choix du « made in France » ?

Clairement, nous produisons dans notre usine de Saint-Médard-d’Excideuil, la fabrication de nos produits demande des savoir-faire. Il y a sept ans, nous avons même ouvert une école pour former les jeunes à nos métiers. Depuis, l’école a intégré un lycée professionnel. J’ai toujours fait les choses comme je les sentais : en 2007, pour les 60 ans de Repetto, j’ai lancé la Fondation Danse avec la vie pour soutenir des écoles de danse à travers le monde. En juin dernier, le projet « À vos pointes » a permis à la fondation Repetto de récolter plus de 500 paires de pointes usées. Pour chacune des paires récupérées, une paire de pointes neuve a été envoyée aux écoles soutenues par la fondation Repetto.

Je n’attache pas un goût immodéré à l’argent

De preneur de son à TF1 à vos débuts, en passant par Reebook France, puis le rachat de Repetto, quel regard portez-vous, à 64 ans, sur votre parcours ?

Je n’attache pas un goût immodéré à l’argent. Je viens d’un milieu très modeste. J’ai quitté l’école à 15 ans, sans diplôme, je voulais faire la révolution… J’ai une éthique avec des valeurs qui sont toujours les mêmes. Quand je rentre chez moi le soir, je coupe avec tout, je ne mélange pas ma vie professionnelle et privée. J’ai les mêmes amis depuis toujours. Ma façon de vivre n’a pas changé. Mes enfants ne travaillent pas chez Repetto, chacun écrit son histoire. Je fais juste ce qui me plaît et ça, c’est énorme. Je préfère envoyer un conteneur de paires de pointes dans l’une de nos écoles de danse à Cuba, à travers notre fondation, que d’avoir davantage d’argent…

Mulhouse est un formidable terrain d’expérimentations

Pourquoi avoir ouvert, en mars dernier, une boutique Repetto à Mulhouse ?

Déjà parce qu’il y a un potentiel client mais aussi parce Mulhouse est l’une des villes les plus jeunes de France. C’est un formidable terrain d’expérimentations pour nous. Aujourd’hui, la jeunesse nous pousse à nous réinventer en anticipant les nouveaux modes de consommation. Très honnêtement, les gens qui ont des cheveux verts ne viennent pas spontanément chez Repetto. C’est à nous de trouver des capteurs pour les faire venir, nous sommes dans l’obligation de nous réinventer, d’anticiper, de tester de nouvelles choses. C’est ce que nous faisons à Mulhouse comme dans d’autres villes, telles New York ou Tokyo.

Quels sont les conseils que vous prodiguerez à des jeunes qui ont envie d’entreprendre ?

Je ne suis pas un sorcier, je ne connais pas de recette miracle. Bien sûr, il faut avoir des objectifs, une méthode mais la chose la plus importante est de croire en ce que l’on fait. Quand je travaillais à la télé comme preneur de son, je gagnais plutôt bien ma vie. Ce qui ne m’a pas empêché de rejoindre Reebook avant de reprendre Repetto, alors très endettée. On n’a qu’une vie, il ne faut pas s’emm… Quand le styliste de Stromae me contacte pour lui créer une paire de chaussures, je lui dis ok, à condition qu’il se rende dans notre usine de fabrication, discute avec les ouvriers pour bien comprendre ce qu’il est possible de faire ou pas. La vraie vie, c’est ça ! Il faut faire les choses avec envie !

 

 

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