5 avril 2024 à 9h03 par Christophe Schmitt 1 919 0
Un Ministère qui perpétue la tradition mulhousienne de l’imprimé
5 avril 2024 à 9h03 par Christophe Schmitt1 9190
Depuis mi-mars et jusqu’au 18 mai, la galerie d’exposition de La Filature met en lumière les travaux du Ministère de l’impression. Inutile de chercher sur les sites internet gouvernementaux : derrière ce ministère, autoproclamé il y a une dizaine d’années, se cache en réalité l’atelier de sérigraphie de la Haute école des arts du Rhin.
Au milieu d’un couloir étroit et obscur de la Haute école des arts du Rhin (HEAR), une porte entrouverte laisse s’échapper les accords d’une musique, qui en ce lieu paraît irréelle… Il n’est, en effet, pas rare que l’on entende des airs de musique classique en passant devant les immenses flammes qui maculent la porte d’entrée de l’atelier de sérigraphie de la HEAR. Une douce mélodie qui contraste avec l’esprit punk des centaines (peut-être plus) d’affiches, autocollants et autres objets insolites qui en habillent les murs et qui sont sorties tout droit de l’imagination de générations d’étudiants, ainsi que des maîtres des lieux, Christian Savioz et Claire Morel, tous deux assistants d’enseignement supérieur en arts plastiques.
Un atelier-ressource
« On enseigne la sérigraphie aux étudiants de première année, explique le duo. C’est important qu’ils fassent des choses avec leurs mains ! De la deuxième à la cinquième année, ils viennent nous voir avec des projets, personnels ou donnés par leurs profs et on les accompagne tout au long de leur processus ». Si l’atelier existe depuis des décennies, Christian en a pris les rênes en 1993, avant d’être rejoint par Claire, il y a 12 ans. « Je travaillais déjà à l’école à l’époque de l’ancien directeur Otto Teichert, qui avait transformé l’école en galerie, se souvient Christian Savioz. Quand on m’a proposé l’atelier et que j’ai vu les machines, j’ai dit oui ! » Claire Morel, elle, a connu l’atelier et son binôme bien avant de les rejoindre : « J’étais étudiante à la HEAR. Je suis plus dans l’édition, je gère les mémoires avec les étudiants, on imprime sur du textile, tandis que Christian imprime sur différents matériaux ».
Post-punk et géométrie
Du plexiglas, des pochettes de disques, des canettes de bière, même des hosties… Les supports qui passent sous les écrans et racles du Ministère de l’impression sont plus que variés et témoignent du foisonnement d’idées et de créativité que l’on peut trouver à la HEAR et entre les murs de cet atelier unique en son genre, où une belle idée, comme une bonne blague, ne mettent jamais beaucoup de temps à se concrétiser. Le concept même de Ministère est né presque par hasard, suite à une petite brouille suivie d’un courrier formel : « Le courrier était signé ‘images imprimées’, on a fait mieux et on a répondu en signant ‘Ministère de l’impression’. C’est resté », se marre Christian Savioz, qui a effectué un virage dans ses créations, passant du post-punk des années 90, où les fanzines étaient légion, à des travaux beaucoup plus géométriques, colorés et abstraits, après un passage aux éditions FANAL.
Un foisonnement d’œuvres à La Filature
Des influences qui se mêlent, s’entremêlent et se percutent, qui donnent parfois une couleur aux travaux des étudiants, mais que l’on retrouve également dans l’exposition que La Filature consacre au Ministère de l’impression, jusqu’au 18 mai prochain. Dès l’entrée dans l’exposition, on se retrouve comme dans l’atelier de sérigraphie : les murs sont couverts d’impressions de différentes formes et couleurs, les messages sont partout, un traceur achève d’imprimer un portrait géant de Poutine en caractère alphanumériques. Une salle présente des centaines d’imprimés : pochettes de disques, autocollants, fanzines et affiches où les dictateurs côtoient des pop stars, où les détournements sont légion. Qu’on se le dise, le Ministère est celui de l’impression et pas de la bienséance !
T-shirts et chantier naval
Dans la plus petite salle de l’exposition, les visiteurs tomberont nez à nez avec un canoë en carton, une autre idée, farfelue au départ, qui s’est transformée en coup de maître : « On avait un plan de bateau en carton, à étanchéifier avec du scotch, explique Claire Morel. Les étudiants ont fabriqué leur bateau, l’atelier s’est transformé en chantier naval, puis nous avons fait une régate sur l’Ill. C’était une super course, un des meilleurs moments qu’on ait passés ! » Enfin, dans le plus grand espace de l’exposition, des dizaines de t-shirt font face à des papiers peints géométriques et colorés. « Le monde de l’imprimé a toujours existé à Mulhouse, il y a une tradition qui existe ici », concluent Christian Savioz et Claire Morel.
Exposition visible à la galerie de La Filature, jusqu’au samedi 18 mai, du mardi au samedi de 13h à 18h et le dimanche de 14h à 18h, ainsi que les soirs de spectacles. Entrée libre.
+ d’infos sur www.lafilature.org, www.instagram.com et www.facebook.com/ministeredelimpression
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