Musée des Beaux-Arts, Mulhouse
Amplifier l’existence : la photobiographie des années 1980 à nos jours.
« La photographie redoublera donc notre vie. Témoin biographique par essence, nous la ferons rebondir de toutes nos forces au coeur de notre projet autobiographique, jusqu’à ne plus savoir s’il convient de vivre pour photographier ou l’inverse », écrit le critique Gilles Mora en 1983 dans son Manifeste photobiographique. La photographie, considérée comme fragment d’existence, trace idéale et mémoire de ce qui est vécu, devient ainsi indispensable à toute démarche autobiographique. Mais elle ne supplante pas pour autant le texte ; dans une perspective photolittéraire, dire et montrer participe d’un même récit de soi. En regardant et en lisant les travaux de Denis Roche, Hervé Guibert, Alix Cléo Roubaud, Annie Ernaux, etc., interrogeons la spécificité de ces récits à la croisée du champ littéraire et de la photographie. D’autant qu’une jeune génération d’auteurs, parmi lesquels Amaury da Cunha, Julien Magre, Clara Chichin ou Pauline von Aesch, ne cesse d’affirmer la photobiographie comme une tendance bien vivante de la création contemporaine. Hélène Giannecchini est écrivain, critique et commissaire. Docteure en littérature, membre de l’Institut ACTE (Paris I/CNRS), ses recherches portent sur les rapports entre texte et image. Elle enseigne la théorie de l’art contemporain à l’École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers-Angoulême.