Seniors

Seniors : l’art comme moyen de lutter contre l’isolement

Une dizaine de seniors en perte d'autonomie ou présentant des troubles cognitifs ont participé à des ateliers artistiques en lien avec La Kunsthalle. Avant l’exposition de leur travail cet été, ces ateliers leur ont permis de remobiliser leurs souvenirs et de créer du lien.

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David Allart (à droite) a animé plusieurs ateliers artistiques à destination de seniors en perte d'autonomie ou présentant des troubles cognitifs

David Allart (à droite) a animé plusieurs ateliers artistiques à destination de seniors en perte d'autonomie ou présentant des troubles cognitifs

Catherine Kohler

« Vous vous souvenez de vos dessins de la semaine dernière ? » La question, posée par l’artiste sérigraphe David Allart à un groupe de seniors participant à un atelier à La Kunsthalle, n'est pas anodine : accompagnés par Amaelles, tous présentent une perte d’autonomie plus ou moins avancée ou des troubles cognitifs. Dans le cadre d’un partenariat entre l’association d’aide et de soins à la personne et le centre d’art contemporain, le groupe d’une dizaine de personnes a suivi un parcours artistique de cinq séances. « Nous travaillons avec des publics différents, explique Carlotta Millo, stagiaire en médiation à La Kunsthalle. L’idée est de rapprocher les publics à la culture et à la pratique artistique, ainsi qu’à l’univers de l’art contemporain. Pour ces personnes, il y a également une dimension sociale et un travail sur les capacités motrices. »

En résonance avec la prochaine exposition collective de La Kunsthalle, « L’Ill. Déborder la rivière », les bénéficiaires des accueils de jour et d’Escapassions Amaelles (Ndlr : qui accueille des personnes en perte d’autonomie légère) ont ainsi pu suivre un parcours de cinq séances avec l’artiste mulhousien David Allart. « Nous avons invité les participants à se balader le long des berges de l’Ill pour se remémorer des souvenirs, émotifs ou sensoriels, nous avons beaucoup échangé, explique le sérigraphe. Ensuite, il y a eu un travail de dessin et de composition graphique, qui a conduit à la réalisation d’une affiche souvenir. »

L'affiche réalisée par les bénéficiaires d'Amaelles avec David Allart.

L'affiche réalisée par les bénéficiaires d'Amaelles avec David Allart.

Catherine Kohler

Les participants à ces ateliers se sont notamment penchés sur la faune et la flore des berges de l’Ill : les feuillages, poissons et autres insectes côtoient les mots « sorties », « promenades » ou encore « baignades » sur une superbe affiche graphique sérigraphiée par leurs soins, en suivant les conseils avisés de David Allart. Cette affiche, sorte de cartographie sensible des berges de l'Ill, pourra être utilisée par les publics du centre d'art, à l'occasion d'ateliers. « Je ne connaissais pas la sérigraphie, j’ai vraiment appris à fond, confie, enthousiaste, Renée, 87 ans. À mon âge, l’horizon se rétrécit et ce genre d’initiatives nous apporte de nouvelles connaissances et nous ouvre de nouveaux horizons ! Le bord de l’Ill m’évoque beaucoup de choses, on allait aux Bains de l’Ill se baigner dans les années 50, l’Ill c’est la promenade, c’est le poumon de Mulhouse. » « Nous sommes très friands de ce type d’activités, salue Josiane, accompagnatrice et aidante de son époux Bernard. Cela permet de travailler la mémoire et les souvenirs. »

« C’est la troisième année que l’on travaille avec La Kunsthalle, le partenariat est né de notre souhait de proposer des ateliers d’arts créatifs, confie Olivier Dorla, le coordinateur d’Escapassions. Ces ateliers permettent d’évoquer des souvenirs, amènent des discussions et du partage. Ils permettent de créer du lien social, ce qui est important pour les personnes que nous accueillions, qui sont isolées socialement, présentent des troubles de la mémoire ou cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer. » Si l’impression de l’affiche par les bénéficiaires d’Amaelles constitue leur dernière séance de travail à La Kunsthalle, le projet ne s’arrête pas pour autant : « Nous allons organiser une sortie de découverte du centre d’art Le Séchoir, lors de laquelle nous visiterons l’atelier de David Allart », conclut Olivier Dorla.

Publié le 25 avr.