Prévention : et si la bibliothèque prenait feu ?

Plusieurs véhicules et une vingtaine de pompiers ont participé à un exercice, à la bibliothèque Grand'Rue.
―Christophe SchmittIl est environ 14h30 ce lundi, lorsque les agents de la bibliothèque Grand’rue remarquent un dégagement de fumée s’échappant des réserves, au sous-sol du bâtiment. L’alarme incendie est déclenchée, une quinzaine de personnes évacuées et, quelques minutes plus tard, une vingtaine de pompiers arrivent sur les lieux… Plus personne ne se trouve à l’intérieur mais qu’en est-il des livres et des documents, parfois uniques ? C’est tout l’intérêt de l’exercice, mené de front par le SDIS 68, le personnel de la Bibliothèque Grand’Rue, l’Astreinte opérationnelle et décisionnelle et le service Risques majeurs de la Ville. « Cet exercice s’inscrit dans le cadre du Plan de sauvegarde des biens culturels, qui a été mis en place au niveau national, suite à l’incendie de Notre Dame de Paris, confie Éric Trapp, responsable du service Risques majeurs à la Ville. À la bibliothèque et dans les musées, il y a des œuvres de valeur, parfois inestimables, et l’objectif de ce plan est de définir des mesures pour savoir quels objets sont à mettre à l’abri en priorité ».
Des documents identifiés
« Dans le cadre du Plan de sauvegarde des biens culturels, nous travaillons notamment avec la bibliothèque pour établir un plan de protection des œuvres, qui permet de mieux connaître l’établissement et les œuvres à protéger en priorité, explique le lieutenant Jean-Philippe Lamolinaire, du Bureau opérations/prévision du Centre de secours principal de Mulhouse. Quel que soit l’endroit où il y aura un sinistre, on sera en mesure de récupérer des œuvres et de les déplacer dans un lieu où elles pourront être conservées en sécurité, pendant un certain temps. » Pour ce faire, les équipes de la bibliothèque ont identifié une centaine de documents à sauver en priorité, parmi les quelque 350 000 références stockées sur le site. « Les documents ont été identifiés sur des critères d’ancienneté, de rareté et de leur valeur représentative par rapport au patrimoine local », expose Michaël Guggenbuhl, le responsable des collections de la bibliothèque. Le Graduel des Clarisses de Mulhouse, ou un incunable imprimé autour de 1470 font notamment partie des documents inestimables à préserver en priorité, en cas d’incendie ou d’inondation.

Dans le PC crise, les agents de la bibliothèques fournissent des informations aux soldats du feu.
―Christophe SchmittPour faciliter le travail des soldats du feu, une fiche récapitulative a été créée pour chaque document sensible, avec plusieurs informations indispensables : sa localisation, ses dimensions, le matériel de transport mis à disposition, ainsi que le nombre de personnes requises pour le transport… « En plus de ces fiches, les documents sont signalés avec du scotch réfléchissant, détaille Manuela Mulon, l’administratrice du réseau des bibliothèques. Nous avons également formé une quarantaine de personnes, qui peuvent aider les pompiers dans le cadre du Plan de sauvegarde. » Ainsi formé, le personnel de la bibliothèque peut fournir des informations capitales aux pompiers, mais aussi anticiper les risques. « Le plus important, c’est la prévention et ce qu’on en fait, une fois que le sinistre est arrivé », conclut le lieutenant Jean-Philippe Lamolinaire.