Fantastik : Une soirée où tout devient possible

Viktor Vincent, vous êtes aujourd’hui l’un des mentalistes les plus reconnus de France. Comment en êtes-vous venu à cet art si particulier ?
Quand j’étais adolescent, j’ai assisté à un spectacle de mentalisme. Ce que j’ai ressenti ce soir-là était tellement puissant que je me suis dit : « si un jour je fais du spectacle vivant, c’est cette émotion-là que je veux transmettre ». Aujourd’hui encore, mon but est de provoquer ce même émerveillement et cette fascination chez le public.
Votre nouveau spectacle s’intitule Fantastik. Comment le résumeriez-vous ?
C’est plus qu’un spectacle, c’est une expérience. Fantastik s’inspire des séances fantastiques du XIXe siècle, où se mêlaient mystère et illusion. Le public y vit des expériences troublantes et spectaculaires : lecture de pensée, coïncidences impossibles, sensations étranges... Le tout dans une atmosphère bienveillante et participative. Les spectateurs qui montent sur scène ne le regrettent jamais : je tiens à ce que ce soit un bon souvenir.
Vous ouvrez le spectacle sur l’histoire d’un homme qui ne reconnaît pas son reflet dans la vitre d’un train. D’où vient cette idée ?
Je ne peux pas trop en dire sans gâcher la surprise ! Mais disons que cette histoire donne le ton : on plonge dans un univers où les apparences se brouillent, où tout semble possible. Ce n’est pas effrayant, c’est de l’ordre de la fascination. C’est un spectacle familial, mystérieux, mais toujours bienveillant.
« Le mentalisme parle directement à notre perception, à notre imaginaire »
On sent une part narrative très forte dans votre travail, presque cinématographique. Vous avez écrit et réalisé des films : est-ce que Fantastik est une manière de fusionner vos deux univers, théâtre et cinéma ?
Oui, totalement. La lumière est très cinématographique, la musique a été composée spécialement pour le spectacle et la narration est construite pour amener le public vers des émotions fortes… Tout est pensé comme un film. J’ai écrit et réalisé deux moyens-métrages, donc c’est un univers qui m’est familier. Avec Fantastik, j’essaie de fusionner le théâtre et le cinéma pour créer un moment à la fois immersif et vivant. Car au théâtre, tout se passe ici et maintenant. Le spectateur vit l’émotion en direct, il en fait partie.
Beaucoup de gens confondent magie et mentalisme. Quelle est la différence selon vous ?
Aucune erreur là-dessus : le mentalisme fait partie de la grande famille de l’illusion. Je dis souvent que le mentalisme, c’est utiliser ses cinq sens pour donner l’illusion d’un sixième. C’est une forme de magie plus intime, plus psychologique, plus féérique. Elle parle directement à notre perception et à notre imaginaire.
Vous dites souvent “je joue avec le public, mais jamais contre lui”. Que cela signifie-t-il concrètement ?
Je joue avec le public mais je ne me joue pas de lui. C’est une règle essentielle pour moi. J’accueille toujours les spectateurs avec respect et bienveillance. Si quelqu’un est choisi, par le hasard, pour monter sur scène, c’est une collaboration, jamais une mise à l’épreuve. L’idée n’est pas de montrer que je suis plus fort, mais d’embarquer le public dans une histoire commune, dans des émotions inhabituelles. Cette sensation de « comment est-ce possible ? », c’est ce que j’adore provoquer.
L’imprévisible fait-il partie du plaisir du mentalisme ?
Oui, absolument. Le spectacle est extrêmement écrit, chaque mot, chaque lumière est pensée, mais les spectateurs changent chaque soir. Et comme leurs pensées sont différentes, cela amène toujours des nuances. C’est ce qui me garde en éveil, toujours connecté au public.
« Un vrai échange »
Vous arrive-t-il encore d’être surpris, vous aussi, sur scène ?
Tout le temps ! J’envoie des émotions, mais j’en reçois tout autant. Il y a un vrai échange. Parfois, je me laisse emporter, je ressens ce que le public ressent. C’est très fort, très humain.
Selon vous, qu’y a-t-il de plus « magique » dans le cerveau humain ?
Le simple fait d’être capable de tout. De composer une symphonie en étant sourd, de recréer la vie, ou d’inventer une intelligence artificielle… Notre esprit n’a pas de limites. Le véritable miracle est là : dans la puissance créative de l’humain.
Si vous pouviez « mentaliser » une personnalité, vivante ou disparue, qui choisiriez-vous ?
Orson Welles. C’était un illusionniste, un réalisateur de génie, un conteur hors pair. Il avait un sens du mystère incroyable. Passer une soirée à échanger avec lui serait un rêve.
Un dernier mot pour le public mulhousien, avant votre venue au théâtre de la Sinne ?
Venez vivre une expérience que vous ne pourrez pas vivre ailleurs. Fantastik, c’est un moment de surprise, d’émotion, et, je l’espère, de merveilleux…
Propos recueillis par Océane Kasonia
Mardi 21 octobre à 20h au théâtre de la Sinne. + d'infos et billetterie : www.theatre-sinne.fr