Environnement

CARE : un partenariat pour planter plus d’arbres sur l’espace public

C’est une première en France : la Ville de Mulhouse et Enedis ont mis en place le protocole expérimental CARE, pour Cohabitation des arbres et des réseaux, afin de faciliter la plantation d’arbres à proximité des réseaux d’électricité, de manière sécurisée.

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Catherine Kohler

Comment concilier la place croissante de la nature en ville, et plus particulièrement des arbres, avec les contraintes des réseaux de gaz, d’eau et d’électricité, situés dans les sous-sols ? Investie depuis plusieurs années sur cette question, la Ville de Mulhouse a travaillé avec les concessionnaires d’énergie à la mise en place d’un protocole expérimental. Baptisé CARE (Cohabitation des arbres et des réseaux), celui-ci va permettre de planter des arbres à proximité des réseaux, en garantissant la sécurité tant de ces réseaux que des arbres.

« Le développement de la nature en ville est une priorité et concerne l’ensemble des projets que nous menons, explique le maire de Mulhouse, Michèle Lutz. Nous sommes ravis dès que nous pouvons planter des arbres, qui rafraîchissent la ville, mais pas n’importes lesquels et pas n’importe comment. Sur ce sujet, la question des plantations à proximité des réseaux, sur laquelle nous travaillons avec les grandes entreprises énergétiques depuis trois ans, est centrale. Une fois de plus, Mulhouse rentre dans une expérimentation, qu’elle a initiée et à l’issue de laquelle un bilan sera dressé, qui intéresse beaucoup d’autres collectivités. »

Une distance de plantation réduite

Le protocole CARE s'applique notamment dans le cadre des travaux du projet de développement des mobilités douces, comme ici à l'angle du boulevard Roosevelt et de la rue Engel Dollfus.

Le protocole CARE s'applique notamment dans le cadre des travaux du projet de développement des mobilités douces, comme ici à l'angle du boulevard Roosevelt et de la rue Engel Dollfus.

Catherine Kohler

Concrètement, le protocole CARE permet une mise en œuvre raisonnée de la norme NF P98-332, qui est appliquée par les concessionnaires et préconise de ne pas planter d’arbres à moins d’1,50m des réseaux existants. Dans le cadre du protocole, cette distance est réduite à 80 cm, pour des arbres aux racines adaptées, et des techniques de protection des réseaux sont utilisées : membranes anti-racines et coques rigides qui redirigent les racines. Ces arbres sont ensuite suivis et particulièrement surveillés.

« Le protocole CARE n’est pas une règle, il encadre l’exception, souligne Claudine Boni Da Silva, adjointe au maire déléguée aux Mobilités et à la Voirie. Avant tout, nous adaptons nos projets et les concessionnaires aussi, dès le stade de la conception. Si cela n’est pas possible alors seulement nous pouvons entrer dans le protocole CARE. Sans celui-ci, nous ne pourrions pas planter d’arbres rue Franklin ou avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, par exemple, car ils seraient trop près des réseaux. » Et le maire de poursuivre en évoquant le protocole comme « la solution qui permettrait de végétaliser l’avenue Kennedy, très minérale. »

Une expérimentation qui intéresse à l’échelle nationale

Le maire de Mulhouse, Michèle Lutz et Mathilde Flauss de chez Enedis ont symboliquement planté un micocoulier occidental, boulevard Roosevelt.

Le maire de Mulhouse, Michèle Lutz et Mathilde Flauss de chez Enedis ont symboliquement planté un micocoulier occidental, boulevard Roosevelt.

Catherine Kohler

Au total, 250 arbres entrent actuellement dans le cadre du protocole CARE, toutes phases de travaux et tous concessionnaires confondus. Après la signature d’un premier protocole avec GRDF en 2024, pour les réseaux de gaz, la Ville vient de signer une convention de trois ans avec Enedis, pour les réseaux d’électricité. « Enedis est une entreprise de service public en charge du réseau de distribution d’électricité en France, le plus grand réseau de distribution d’électricité en Europe, explique Mathilde Flauss, directrice déléguée aux affaires territoriales Alsace chez Enedis. À Mulhouse, nous gérons les 657 km du réseau électrique, qui est enterré à 99,7%, et investissons 2,1 millions d’euros par an pour le faire évoluer. La Ville est venue nous voir, il y a trois ans, pour définir comment nous pourrions lever les contraintes techniques pour permettre la végétalisation de la ville. Ce protocole est une expérimentation qui pourra ensuite être adaptée ailleurs. »

Car le sujet intéresse de nombreuses collectivités à l’échelle nationale et des discussions sont en cours pour la révision de la norme NF P98-332. La Ville de Mulhouse y participe activement, en tant qu’experte et pionnière sur le sujet. « Les arbres sont un enjeu majeur pour adapter la ville au changement climatique, conclut Catherine Rapp, adjointe au maire déléguée à la Nature en ville. En ville, l’été, il fait trop chaud. Nous avons identifié les lieux où les habitants sont particulièrement exposés et la solution existe : il faut planter des arbres, qui réduisent la température de 7°C sous leur couronne. Depuis le début du mandat, nous avons déjà planté 1 600 arbres et plus de 33 000 jeunes plants. Nous sélectionnons des essences plus résistantes et moins gourmandes en eau, tout en mettant en œuvre des solutions pour désimperméabiliser les sols. »

Publié le 27 févr.