Harcèlement de rue

Angela passe la seconde pour lutter contre le harcèlement de rue

Lancé en 2023, le dispositif « Angela » évolue. S’il était déjà possible, pour les personnes se sentant en situation d’insécurité ou de harcèlement de rue, d’être accueillies auprès de commerces et lieux publics partenaires, une application mobile permet désormais de géolocaliser ses trajets et de répertorier les lieux sûrs.

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Melissa, l'ambassadrice de Umay à Mulhouse, rencontre et forme les commerçants pour l'accueil des personnes victimes de harcèlement.

Melissa, l'ambassadrice de Umay à Mulhouse, rencontre et forme les commerçants pour l'accueil des personnes victimes de harcèlement.

Catherine Kohler

En mars 2023, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Ville de Mulhouse et la Région Grand Est lançaient le dispositif « Angela ». Le principe est plutôt simple et peut rendre de fiers services aux personnes se sentant en situation d’insécurité ou de harcèlement de rue : les commerces et équipements publics qui adhèrent au dispositif s’engagent à accueillir les victimes avec bienveillance, sans jugement, à les garder en sécurité aussi longtemps que nécessaire, ou encore à leur permettre d’appeler une personne de confiance ou les secours. Deux ans après ce lancement, pas moins de 110 commerces et services municipaux affichent l’autocollant du dispositif sur leur porte.

« L’initiative est bonne, elle contribue à une forme de sécurité pour les personnes », confie Enzo, le fleuriste de Fleurs et nature by Enzo, qui a accueilli pas moins de 27 personnes, y compris des hommes, dans ce cadre depuis le lancement d’Angela. « Certains demandent Angela, d’autres non, poursuit le fleuriste. Lorsque je les accueille, je leur propose de s’asseoir, un verre d’eau ou un café et je leur donne des conseils… Souvent, les gens se sentent soulagés d’avoir pu parler à quelqu’un ! »

Géolocalisation et lieux sûrs

« Le harcèlement, sous toutes ses formes, n’a pas sa place dans notre ville, affirme l’adjointe au maire déléguée à l’Innovation, Marie Hottinger. Des choses ont été mises en place, nous voulons renforcer ces actions et les rendre visibles, pour sensibiliser les habitants, encourager les signalements et prévenir le harcèlement. » Pour ce faire, la Ville fait évoluer le dispositif Angela, en se rapprochant de la start-up Ocean Pink, qui édite l’application mobile Umay. « Umay est une application mobile qui permet d’identifier des safe places (NDLR : lieux sûrs) autour de soi, de partager la géolocalisation de ses trajets avec ses proches, ou encore de faire des signalements lorsqu’une personne se retrouve en situation d’insécurité ou de harcèlement », présente Pauline Vanderquand, la co-fondatrice d’Umay.

Les commerces et services publics membres du réseau Angela arborent un macaron sur leur vitrine.

Les commerces et services publics membres du réseau Angela arborent un macaron sur leur vitrine.

Catherine Kohler

À ce jour, 60 commerçants mulhousiens adhérant au réseau Angela sont déjà répertoriés comme étant des lieux sûrs dans l’application. « On ne leur demande pas de remplacer la police, les associations ou les thérapeutes, poursuit Pauline Vanderquand. C’est un accueil de premier niveau, qui répond à la méthode des trois R, à laquelle nous formons les commerçants et qui consiste à recueillir, rassurer et renseigner une victime. » Gratuite pour ses utilisateurs, Umay se décline sur une trentaine de collectivités de l’Hexagone et répertorie pas moins de 7 000 lieux sûrs.

Annuaire et Permis Internet

« Le harcèlement peut toucher tout le monde, à tous les âges », prévient Marie Hottinger. C’est pourquoi la Ville a édité un annuaire rappelant tous les numéros utiles pour les victimes ou témoins de harcèlement. Prochainement disponible dans les lieux publics et auprès des commerçants partenaires d’Angela, ce mémo d’ores et déjà consultable en ligne, sur www.mulhouse.fr. Autre action, mise en place à titre expérimental cette année : la création d’un « Permis Internet » pour les enfants. « Nous sensibilisons 180 élèves de CM2 des écoles Kléber, Wagner et Furstenberger aux bons usages du numérique et à la question du cyberharcèlement, confie Claire Felter, cheffe de projet du service Affaires scolaires de la Ville. Il y a une première prise de contact avec la police municipale, pour expliquer ce qu’est le cyberharcèlement, puis les enseignants déclinent, sur plusieurs séances, une sensibilisation aux bonnes conduites à adopter sur Internet et les réseaux sociaux. Interdire le téléphone, c’est une chose, mais apprendre à l’utiliser correctement, c’est quand-même mieux ! » « Sensibiliser les enfants nous permet aussi de toucher leurs parents. Notre objectif est de nous adresser aux Mulhousiens de tous les âges », conclut Marie Hottinger.

+ d’infos sur www.mulhouse.fr et https://umay.fr/

Publié le 4 mars | Mis à jour le 5 mars