17 avril 2021 à 21h05 par Marc-Antoine Vallori 3 068 1
À la fin, c’est Hugues Baum qui gagne !
17 avril 2021 à 21h05 par Marc-Antoine Vallori3 0681
Après avoir fait parler de lui avec son affiche « Mulhouse, c‘est pas pour les virus » lors du premier confinement, Hugues Baum revient avec « Vous nous manquez ! », une série facebookienne en forme de clins d’œil rafraîchissants aux lieux de sorties actuellement fermés. Rencontre avec cet artiste hyperactif et multicarte.
C’est quoi l’idée de cette série facebookienne lancée le 5 avril dernier « Vous nous manquez ! », où l’on vous voit vous mettre en scène devant pléthore d’endroits mulhousiens actuellement fermés ?
C’est une idée de Nathalie Marco, comédienne et metteuse en scène, avec laquelle on échangeait par SMS sur le fait que l’on ne pouvait plus faire de sorties. On a préparé tous les accessoires, chargé le coffre de la Kangoo et on est parti faire la tournée des lieux avec le photographe Guillaume Touboulic. Aller boire un verre, voir une expo, écouter un concert… Tout ça nous manque et c’est notre façon de le dire. On met en avant des lieux que l’on aime bien fréquenter en lien avec nos souvenirs personnels, que ce soit devant Le Gambrinus, Le Noumatrouff où l’on parodie le groupe KG, Le Vanilla Café, La Filature ou la piscine de l’Illberg. Cette série est une manière de montrer notre attachement à ces endroits en attendant leur réouverture. On s’est lancé sans trop réfléchir dans ce projet en mettant en avant sept lieux, dans cette première série, au rythme d’une publication par jour. Au vu des retours plutôt enthousiastes des gens, on va vraisemblablement continuer cette série, ça nous amuse. Et il n’y a rien de calculé !
« Créer des images peut avoir du sens »
Lors du premier confinement, vous vous étiez déjà illustré avec l’affiche « Mulhouse, c‘est pas pour les virus – À la fin, c’est Mulhouse qui gagne », quelle somme a-t-elle permis de récolter pour hôpital ?
La vente des affiches a rapporté 1 400 euros à l’hôpital de Mulhouse. Au-delà des chiffres, cette affiche m’a permis aussi d’ouvrir une réflexion sur mon boulot de graphiste-illustrateur : créer des images, ça peut avoir aussi vraiment du sens, ce n’est pas aussi futile que ça. Lors de cette période compliquée, j’ai senti que les gens désiraient vraiment l’affiche avec le sentiment de participer à quelque chose en l’achetant. La démarche a été fédératrice. À titre personnel, cette affiche m’a clairement donné de la visibilité et m’a permis, entre autres, de passer sur une radio nationale avec France Inter (à écouter ici ). C’était rigolo et sympa, au même titre que rencontrer le maire de Mulhouse. Plus largement, j’ai pu multiplier les rencontres et échanger avec les gens. Tout ça était assez inattendu pour moi…
Il y aussi vos toiles, vos carnets, vos expos, des visuels pour des spectacles ou les pochettes d’albums de groupes d’ici. Qu’est-ce qui vous fait courir comme ça, à bientôt 50 ans ?
Encore une fois, rien n’est calculé dans ce que j’entreprends. Par-contre, j’ai ce besoin d’avoir constamment des projets. J’ai un côté hyperactif ou, du moins, j’aime me lancer dans plein de choses. C’est une gymnastique de l’esprit pour moi, j’ai plein d’idées qui germent à différents moments de la journée. J’aime avoir ces projets en tâche de fond, avec certains qui se font dans l’immédiateté et d’autres en stand-by. À bientôt 50 ans, ce que je sais par-contre, c’est que j’ai toujours cette envie de faire plein de choses, elle est peut-être même décuplée. En ce moment, je consacre beaucoup de mon temps à peindre…
« Mulhouse est une ville rock’n’roll, qui pique un peu »
Vous qui êtes plutôt de nature discrète, comment vivez-vous cette mise en lumière régulière, notamment médiatique ?
Même si, comme beaucoup, j’ai des questionnements sur les réseaux sociaux, je dois dire qu’ils m’ont beaucoup apportés. De nature effectivement plutôt réservé, j’ai toujours eu du mal à aller toquer aux portes et faire les démarches pour « vendre » mes projets. Derrière mon ordi, par contre, je reconnais que c’est nettement plus tranquille pour poster mes créations, les réseaux sociaux m’ont clairement fait gagner en visibilité. Ça m’a permis de multiplier les contacts, les échanges et, finalement, de développer un réseau. De là sont nées beaucoup de choses et des portes se sont ouvertes. J’avoue que je vis plutôt bien cette petite mise en lumière et je ne boude pas les sollicitations, ça m’amuse de parler de ce que je fais. J’ai aussi parfois eu la chance de tomber au bon moment, comme lors de l’exposition « Sur les pavés des messages » présentée en début d’année à la bibliothèque centrale où, hasard du calendrier, j’étais l’un des seuls à exposer et du coup médiatisés.
Qu’est-ce qui vous fait aimer Mulhouse comme ça ?
J’ai peur de me répéter mais ce que j’aime avant tout de Mulhouse, c’est qu’elle est une ville qui pique un peu, elle a un côté mal aimée. C’est une ville rock’n’roll ! Je n’ai pas bougé de Mulhouse, j’y ai grandi, fait les Beaux-arts, j’y vis, je travaille à côté… Cela ne veut pas dire que je n’ai pas eu parfois envie d’ailleurs dans ma vie, que je n’ai pas eu l’idée de la quitter par période. Mais à un moment, tu te rends compte que c’est là où tu résides qu’il faut faire des choses. Quand je vois l’article du Monde consacré à Mulhouse (NDLR : « Mulhouse, premier cluster français et ville où la culture s’est arrêtée… avant de se réinventer », publié le 24 février dernier), je me dis qu’il se passe vraiment des choses dans notre ville, que ça va dans le bon sens et que le bouillonnement culturel mulhousien commence à faire écho. On parle aujourd’hui de Mulhouse autrement qu’à travers les faits divers et ça fait du bien !
+ d’infos sur Facebook.com/hugues.baum
Cultissime
- Un livre : « La promesse de l’aube » de Romain Gary. « Preuve que la vie peut être magique… », pour Hugues Baum.
- Une BD : « Polina » de Bastien Vivès. « Pour l’extrême beauté et fluidité des dessins, l’histoire traitée avec beaucoup de sensibilité. Bastien Vivès est un personnage très déroutant et un grand dessinateur. Et c’est la BD préférée de ma fille. »
- Un album : « Karate – Karate” (1995 – Southern Records). « Un groupe très confidentiel, un savant mélange entre le rock énervé made in Washington et le jazz… Un groupe que j’écoute souvent avec mon meilleur ami. »
- Un clip : « Kool Thing » de Sonic Youth. « Pour la chanson que j’adore et pour l’ambiance tellement new yorkaise. Une ambiance Factory, période Andy Warhol, Velvet Underground. On rêve tous d’être parfois une superstar. »
- Un film : « L’Homme de Rio » avec Philippe de Broca. « J’ai de nouveau 10 ans quand je regarde ce film. Belmondo a tellement la classe et les décors sont incroyables, on passe de Brasilia, une ville futuriste en construction à la jungle. Il y a aussi cette réplique que j’adore : « Brusquement, l’avion en flammes ! Sous moi, 3 000 mètres de vide. Suspendu par la mâchoire, j’avais envie de rire…»
- Un club de foot : le FC Mulhouse. « Pour la grande époque ! La D1 et les grands matchs que j’allais voir, enfant, avec mon père et mon frère. De beaux souvenirs. J’espère que ce club retrouvera le haut niveau. Les Mulhousiens méritent un grand club. » (Ecouter l’hymne officiel)
- Spot mulhousien : Le Gambrinus. « Il s’y passe toujours un truc, un concert, une expo et l’ambiance est super sympa. Et tu es pratiquement sûr de tomber sur une tête que tu connais. »
- Groupe de musique mulhousien : The Act of humanity. « Humilité et exigence, un groupe à part. Sans compromis ou concessions, ils font pleinement la musique qu’ils aiment. C’est toujours un plaisir pour moi de chercher l’image forte qui pourrait coller à leur travail. »
- Artiste mulhousien : Anne-Sophie Tschiegg. « C’est une grande peintre. Elle a une palette de couleurs incroyables. J’admire son travail depuis longtemps, c’est une chance pour Mulhouse d’avoir une telle artiste. »
Propos recueillis par Marc-Antoine Vallori
Maintenant tu es un vrai
Milhusser Wackes
Félicitations mon fils et surtout ne t arrêtes pas un si bon chemin
Mulhouse et toi vous vous transformez
ensemble
Ton père